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Landes : à Saint-Jean-de-Marsacq, après deux ans d’absence, le retour de la mayade

Chaque année, dans la nuit du 30 avril au 1er mai, des Landais perpétuent le rite des mayades (ou maïades), une tradition inscrite à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français. À Saint-Jean-de-Marsacq, après la plantation du mai, la fête se déroulera le 6 mai et promet d’être belle


Le week-end des mayades reprend à Saint-Jean-de-Marsacq. Après deux ans de vide, à cause de la crise sanitaire, les jeunes du village perpétuent la tradition. « Tous les ans, les jeunes qui ont 19 ans dans l’année organisent la mayade. Avant, c’était parce que la même année, ils partaient au service militaire », explique Julie Levejac, présidente du groupe qui organise la fête de Saint-Jean-de-Marsacq. Elle est accompagnée du trésorier, Clément Sartre, et de sa secrétaire, Jeanne Duizabo. La mayade est une tradition honorée de génération en génération dans le village. Par le passé, le père de Julie avait participé à l’organisation de la fête en étant parrain.


Cette année, le groupe a vu les choses en grand. Pour la première fois, le 6 mai, un repas sera donné à la salle des fêtes du village (lire ci-dessous). Les jeunes ont récolté lors des tournées dans le village un budget de 2 000 euros. « Nous faisons une tournée tous les samedis depuis février », détaille Julie. Cet argent sert à l’achat de t-shirts personnalisés, de papier crépon et du repas (préparé par le père de Julie). Il sert également à payer la prestation d’un DJ. Pour ne rien perdre de l’esprit de fête, les mayés se sont déguisés cette année lors des tournées.


Cette tradition est loin d’être une contrainte. Les participants sont contents de participer à l’événement. « Cela permet de se retrouver et de profiter », rapporte Hugo Comte, un « redoublant » de 21 ans. En tout, 41 jeunes organisent la mayade. Parmi eux, des « aides mayé », ces jeunes de 18 ans qui viennent aider leurs aînés et voir ce qui les attend l’année prochaine. « Ils sont essentiels à l’organisation. Comme ils sont encore au lycée, ils font ça pendant les vacances scolaires et n’ont pas la contrainte d’un travail », résume Hugo.


Toute une organisation


Préparer une mayade n’est pas donné à tout le monde. Il faut s’y prendre à l’avance. Les jeunes de Saint-Jean-de-Marsacq préparent cette fête depuis décembre 2021. D’abord, il faut trouver et chercher les pins. « C’est un homme du village qui nous les coupe », informe Julie. À Saint-Jean-de-Marsacq, sept pins ont été coupés : un pour le village, placé devant l’église, un pour le maire, planté devant son domicile, deux autres pour le parrain et la marraine qui ont aidé, et les trois derniers pour les élus municipaux.


Avant de les mettre en terre, il faut préparer les mais. D’abord, les jeunes enlèvent l’écorce du pin. Ensuite, ils recouvrent le tronc de grillage pour éviter le vandalisme. « Chaque année, des personnes malveillantes nous les coupent », regrette Julie. Puis, les mayés enroulent l’arbre de lierre avant d’ajouter les 300 fleurs en papier crépon aux couleurs du drapeau français, fabriquées par leurs soins. Cinq couronnes sont ensuite posées en haut du pin « pour représenter les cinq Républiques ». Touche finale, la pose du panonceau illustré par les symboles du village. « La tradition veut que ce soit la présidente du bureau qui monte l’accrocher », précise Julie. le même processus est répété pour les sept autres mais en personnalisant le panonceau. Les jeunes dressent ensuite le mai à la main. « Nous nous attachons à des sangles, elles-mêmes accrochées au pin et nous tirons », conclut Julie. Un immense effort pour un moment qu’on oublie rarement.


Une tradition datant du Moyen-Âge


Le week-end des mayades est une tradition datant du Moyen Âge. Elle est le fruit de plusieurs influences entremêlées, selon l’ethnologue Thierry Truffaut. Elle trouve d’abord son origine dans un ancien culte voué au pin, auquel se sont ajoutées des influences religieuses et républicaines. Cet arbre fièrement dressé devant les maisons le matin du 1er mai sert à honorer et à montrer l’estime que l’on porte à certaines personnes qui nous sont chères.


Au Moyen Âge, les paysans plantaient le mai devant la demeure de leurs seigneurs pour lui signifier leur respect et leur reconnaissance. Au fur et à mesure du temps et des années, cette tradition s’est appliquée aux maires et aux personnalités de la commune. Aujourd’hui, les jeunes ne se limitent plus aux élus municipaux. On plante un mai aussi bien devant la maison de ses amis que de ses voisins.

Si samedi 30 avril, vous vous êtes réveillés avec un mai sous votre fenêtre, vous vous êtes fait avoir. Tradition oblige, vous devez inviter vos visiteurs du soir pour un repas fait maison.


Louisa Destugues (Pour le journal Sud Ouest)



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